Page:Stendhal - Correspondance, I.djvu/314

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gardent comme le chef-d'œuvre de l'habi­leté, et n'exécutent qu'avec toutes les peines de la plus laborieuse attention. Il n'y a d'un peu pénible que le premier mois ; on est étonné de la facilité qu'on trouve ; on croit se tromper lorsqu'on ne rencontre pas les obstacles qu'on vous avait annoncés. Cet état de crainte jette de l'incertitude dans la marche. Je ne sais si tu comprendras ce barbouillage ; en y pensant un quart d'heure, je l'aurais rendu clair et frappant d'éloquence, mais j'aime mieux le passer à m'entretenir avec toi. Tu as un esprit si naturel et si franc que tu dois saisir cela.

Conserve longtemps ce charmant style ; je montrai dans mon enchantement ta lettre à madame de N...1 ; elle en fut en­chantée, ravie ; voici ses propres termes : « Vous m'aviez bien dit qu'elle avait de l'esprit, mais non pas du génie ; elle peut aller à tout ; c'est votre faute si elle ne va pas plus loin que vous. »

Ce n'est pas ce que tu disais, quoique charmant, qui la frappait ; c'est la ma­nière dont tu dis et qui montre ton âme, l'état de l'instrument, un ton et une pen­sée.

Coligny les suivait à pas précipités, ou,

1. 31e" de Nardon 1