Page:Stendhal - Correspondance, I.djvu/327

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émue, qui le sent moins fortement, le décrira mieux, parce qu'elle l'aura mieux observé.

Voilà la sensation et la perception ; tu trouveras dans le monde des gens à sen­sation et d'autres à perception. Presque toutes les jeunes filles, et, parmi les hommes, les têtes romanesques, sont toutes à sensation.

Voilà une grande base ; observe-la dans le monde ; il y aurait quatre cents pages de développement à faire ; fais-les toi-même.

Je t'ai expliqué ce que c'était que la tête et le cœur ; comme quoi, avec la même dose d'impulsion, on pouvait ne faire rien qui vaille. Voilà la véritable raison de la nécessité de l'instruction, raison â jamais invisible aux pédants.

D'après cela, voici ce qu'on appelle esprit naturel dans le monde, esprit qui est le superfm, mais qui, comme toute chose,n'étant senti que pareeux qui l'ont, ne l'est peut-être que dans les grandes sociétés de Paris, Rome, Naples surtout, où le climat le fait abonder.

La plupart des hommes ont un esprit appris : ils savent deux cents anecdotes, trente plaisanteries. Au bout de deux mois, de six, d'un an au plus, suivant l'ampleur du sac, on les sait par cœur.