Aller au contenu

Page:Stendhal - Correspondance, I.djvu/353

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de l'abîme des passions. Alors, tu sentiras tout le prix des grandes qualités que les Bertrand et les Romagnier te donnent ; sans eux, aurais-tu pensé ? Catherine, sans sa prison ; madame Roland, sans les ennuyeux qui assiégeaient sa mère, aurait-elle été cette femme sublime qui fait dire à tous les jeunes gens dignes de le sentir : « Je sauterais d'un second étage, dans l'espérance de lui baiser la main. »

N'as-tu jamais lu le Mariage de Figaro ? Eh bien, pour avoir le sens commun dans ce monde, il faut prendre tout comme lui, gaiement. On diminue, par là, ses maux à ses yeux, et on les diminue encore d'une autre manière en plaisant à tout le monde ; car la plaisanterie de bon ton entraîne tout ; amuse les hommes et ils t'aimeront ; c'est là le grand principe de conduite en France. Je pensais hier tout ce que je t'écris là, assis sur une chaise dans le salon d'un homme d'esprit, où il y en avait trente autres dont vingt-neuf s'en croyaient et dix en avaient ; j'étais mélancolique sans être malheureux ; je pensais à toi, qu'avec toi, à Grenoble, j'oublierais tout ce que je laisse à Paris, lorsqu'un homme qui prend parfaitement tous les tons, qui prétend qu'il n'y a de bon que le rire et qui est ewcellent pour les autres, se mit à nous conter cette