Page:Stendhal - Correspondance, I.djvu/367

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Valence. Mademoiselle Réoul est venue avec nous jusqu’à l’allée. Je l’ai écoutée avec honnêteté, parce que j’avais vu à côté d’elle mademoiselle Talencier. Ge mouvement était naturel. Le vieux Pythagore avait raison de dire qu’une jolie figure était la meilleure des recomman­dations. Le troisième habitant de la voi­ture était un sot vaniteux qui avait beaucoup voyagé, et écrit l’histoire de sa vie et de ses voyages en 7 vol, in-8. L’hu­manité a perdu cet ouvrage honnête dans un naufrage que fit le grand homme auteur, et où il ne fut pas si heureux que Camoêns.

Hier soir, à Saint-Marcellm, sans doute de mauvaise humeur de notre mauvais souper, et pour prouver à nos yeux toutes les belles choses qu’il nous avait racontées de son courage, il chercha dispute dans la rue à trois jeunes avocats. Je me mis au milieu d’eux en fumant un cigare, et j’eus l’avantage d’être appelé en témoignage par les deux par­ties qui faisaient chacune autant de ta­page avec aussi peu d’envie de se battre. L’hôte conduisit mon sot en voiture où je me suis endormi au bruit de ses ex­ploits. — Arrivé à Valence, petite ville à pavé pointu, vis-à-vis de vilaines fa­laises, à six heures, on m’a déclaré que je