Page:Stendhal - Correspondance, I.djvu/77

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Je ne veux pas demeurer un jour à Grenoble, parce que rien ne fait de la peine à l'âme comme de sentir sa ...1 rapetissée. Je suis logé au sixième, mais en face de cette...2 colonnade du Louvre3. Chaque soir, je vois successivement le soleil, la lune et toutes les étoiles se coucher derrière ces galeries qui ont vu le grand siècle. Je m'imagine voir les ombres du grand Condé, de Louis XIV, de Corneille, de Pascal cachées derrière ces grandes colonnes, voir passer avec intérêt les hommes leurs descendants, et promettre aux malheureux un asile au milieu d'eux.

Dès que je serai arrivé, nous irons à Claix, où nous expliquerons le Tasse, si tu sais assez d'italien pour cela.

Je me souviens de Zadig : c'est un petit roman de Voltaire, qui a voulu y prouver plusieurs vérités philosophiques que tu ne comprendrais peut-être pas encore. Cependant tu peux prier notre grand-papa de te le lire ; il t'expliquera les choses *ors de ta portée.

Continue à me faire des questions : je serai plus exact à l'avenir ; mais j'avais perdu ta lettre en déménageant, c est ce qui avait retardé ma réponse.

1 et 2, Une déchirure.

3. Henri Beyle venait de prendre une chambre au 6e étage à l'Hôtel de Rouen, rue d'Angiviller.