Page:Stendhal - Correspondance, I.djvu/90

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génies de la terre ; la gourmandise lui ferait apprendre le latin ; cela fait, on verrait quel est son goût dominant, et en s'en servant, on lui ferait apprendre l'histoire, la géométrie et la morale. Alors, il verrait qu'il est de son intérêt d'être homme d'esprit ; il sentirait quel est son bonheur d'avoir un grand-père tel que le nôtre, et il n'aurait plus besoin de personne.

Tu dois t'appliquer à chercher quelles sont les choses qui peuvent faire ton bonheur ; tu verras enfin que c'est la vertu et l'instruction ; quand tu seras convaincue de ces deux vérités, je ne suis plus en peine de toi, tu te trouveras vertueuse et instruite sans t'en douter. Tu l'es déjà beaucoup plus que tu ne le crois. Quand j'ai quitté Grenoble, je con­naissais trois jeunes filles plus instruites que toi ; tu as déjà passé les deux pre­mières, il n'y a plus que la troisième qui te soit supérieure. Elle est parvenue au rare bonheur qui la distingue en examinant tout ce qu'on lui dit et en ne croyant (la religion exceptée) que ce qu'on lui prou­vait.

Tout homme qui croit, parce que son voisin lui dit : Croyez ! est un butor.

Tous les paysans et les ouvriers tra­vaillent parce qu'ils sont animés par le