Page:Stendhal - De l’amour, I, 1927, éd. Martineau.djvu/106

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peut-être sans qu’elle s’en doute. L’imagination trouvant en son chemin la mémoire et ses tristes avis, la cristallisation[1] cesse à l’instant.

  1. On me conseille d’abord d’ôter ce mot, ou, si je ne puis y parvenir, faute de talent littéraire, de rappeler souvent que j’entends par cristallisation une certaine fièvre d’imagination, laquelle rend méconnaissable un objet le plus souvent assez ordinaire, et en fait un être à part. Dans les âmes qui ne connaissent d’autre chemin que la vanité pour arriver au bonheur, il est nécessaire que l’homme qui cherche à exciter cette fièvre, mette fort bien sa cravate et soit constamment attentif à mille détails qui excluent tout laisser-aller. Les femmes de la société avouent l’effet, tout en niant ou ne voyant pas la cause.