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CHAPITRE XVI

Dans un petit port dont j’ignore le nom près Perpignan, 25 février 1822[1].


Je viens d’éprouver ce soir que la musique, quand elle est parfaite, met le cœur exactement dans la même situation où il se trouve quand il jouit de la présence de ce qu’il aime ; c’est-à-dire qu’elle donne le bonheur apparemment le plus vif qui existe sur cette terre.

S’il en était ainsi pour tous les hommes, rien au monde ne disposerait plus à l’amour.

Mais j’ai déjà noté à Naples, l’année dernière, que la musique parfaite, comme la pantomime parfaite[2], me fait songer à ce qui forme actuellement l’objet de mes rêveries, et me fait venir des idées excellentes ; à Naples, c’était sur le moyen d’armer les Grecs.

  1. Copie du journal de Lisio.
  2. Othello et la Vestale, ballets de Vigano, exécutés par le Pallerini et Mollinari.