Page:Stendhal - De l’amour, I, 1927, éd. Martineau.djvu/123

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c’est le ridicule d’une telle joie, et, dans la perspective, la cruauté prude avec laquelle la même société versera le mépris à pleines mains sur la moindre imprudence d’une pauvre jeune femme amoureuse. »

Tout ce qui est cérémonie, par son essence d’être une chose affectée et prévue d’avance, dans laquelle il s’agit de se comporter d’une manière convenable, paralyse l’imagination et ne la laisse éveillée que pour ce qui est contraire au but de la cérémonie, et ridicule ; de là l’effet magique de la moindre plaisanterie. Une pauvre jeune fille, comblée de timidité et de pudeur souffrante, durant la présentation officielle du futur, ne peut songer qu’au rôle qu’elle joue ; c’est encore une manière sûre d’étouffer l’imagination.

Il est beaucoup plus contre la pudeur de se mettre au lit avec un homme qu’on n’a vu que deux fois, après trois mots latins dits à l’église, que de céder malgré soi à un homme qu’on adore depuis deux ans. Mais je parle un langage absurde.

C’est le p....[1] qui est la source féconde des vices et du malheur qui suivent nos mariages actuels. Il rend impossible la liberté pour les jeunes filles avant le mariage, et le divorce après quand elles se

  1. Lire : le papisme. N. de l’E.