CHAPITRE XXII
es esprits fort délicats sont très
susceptibles de curiosité et de
prévention ; cela se remarque surtout
dans les âmes chez lesquelles s’est
éteint le feu sacré, source des passions,
et c’est un des symptômes les plus funestes.
Il y a aussi de l’engouement chez les
écoliers qui entrent dans le monde. Aux
deux extrémités de la vie, avec trop ou
trop peu de sensibilité, on ne s’expose pas
avec simplicité à sentir le juste effet des
choses, à éprouver la véritable sensation
qu’elles doivent donner. Ces âmes trop
ardentes ou ardentes par accès, amoureuses
à crédit, si l’on peut ainsi dire, se
jettent aux objets au lieu de les attendre.
Avant que la sensation, qui est la conséquence de la nature des objets, arrive jusqu’à elles, elles les couvrent de loin et avant de les voir, de ce charme imaginaire dont elles trouvent en elles-mêmes une source inépuisable. Puis, en s’en approchant, elles voient ces choses, non