Page:Stendhal - De l’amour, I, 1927, éd. Martineau.djvu/134

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Cette déclaration sincère pouvant paraître de l’orgueil, j’ajoute la réflexion suivante :

Nous écrivons au hasard chacun ce qui nous semble vrai, et chacun dément son voisin. Je vois dans nos livres autant de billets de loterie ; ils n’ont réellement pas plus de valeur. La postérité, en oubliant les uns, et réimprimant les autres, déclarera les billets gagnants. Jusque-là, chacun de nous ayant écrit de son mieux ce qui lui semble vrai n’a guère de raison de se moquer de son voisin, à moins que la satire ne soit plaisante, auquel cas il a toujours raison, surtout s’il écrit comme M. Courrier à Del Furia.

Après ce préambule, je vais entrer courageusement dans l’examen de faits qui, j’en suis convaincu, ont rarement été observés à Paris. Mais enfin, à Paris, ville supérieure à toutes les autres, sans doute, l’on ne voit pas des orangers en pleine terre comme à Sorrento ; et c’est à Sorrento, la patrie du Tasse, sur le golfe de Naples, dans une position à mi-côte sur la mer, plus pittoresque encore que celle de Naples elle-même, mais où on ne lit pas le Miroir, que Lisio Visconti a observé et noté les faits suivants :

Lorsqu’on doit voir le soir la femme qu’on aime, l’attente d’un si grand bon-