CHAPITRE XXVIII
es femmes entendent parler toute
leur vie, par les hommes, d’objets
prétendus importants, de gros gains
d’argent, de succès à la guerre, de gens tués
en duel, de vengeances atroces ou admirables,
etc. Celles d’entre elles qui ont
l’âme fière sentent que, ne pouvant atteindre
à ces objets, elles sont hors d’état de déployer
un orgueil remarquable par l’importance
des choses sur lesquelles il s’appuie.
Elles sentent palpiter dans leur sein un
cœur qui, par la force et la fierté de ses
mouvements, est supérieur à tout ce qui
les entoure, et cependant elles voient les
derniers des hommes s’estimer plus qu’elles.
Elles s’aperçoivent qu’elles ne sauraient
montrer d’orgueil que pour de petites choses,
ou du moins que pour des choses qui n’ont
d’importance que par le sentiment, et dont
un tiers ne peut être juge. Tourmentées par
ce contraste désolant, entre la bassesse de
leur fortune et la fierté de leur âme, elles
entreprennent de rendre leur orgueil res-