Page:Stendhal - De l’amour, I, 1927, éd. Martineau.djvu/181

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la passion contrariée, et celui du dead blank.

Avec l’amour, je sens qu’il existe à deux pas de moi un bonheur immense et au delà de tous mes vœux, qui ne dépend que d’un mot, que d’un sourire.

Sans passion comme Schiassetti, les jours tristes, je ne vois nulle part le bonheur, j’arrive à douter qu’il existe pour moi, je tombe dans le spleen. Il faudrait-être sans passions fortes et avoir seulement un peu de curiosité ou de vanité.

Il est deux heures du matin, j’ai vu le petit mouvement du rideau à six heures ; j’ai fait dix visites, je suis allé au spectacle ; mais partout silencieux et rêveur, j’ai passé la soirée à examiner cette question : « Après tant de colère et si peu fondée, car enfin, voulais-je l’offenser, et quelle est la chose au monde que l’intention n’excuse pas, a-t-elle senti un moment d’amour ? »

Le pauvre Salviati, qui a écrit ce qui précède sur son Pétrarque, mourut quelque temps après ; il était notre ami intime à Schiassetti et à moi ; nous connaissions toutes ses pensées, et c’est de lui que je tiens toute la partie lugubre de cet essai. C’était l’imprudence incarnée ; du reste, la femme pour laquelle il a fait tant de folies est l’être le plus intéressant que j’aie rencontré. Schiassetti me disait : Mais