Page:Stendhal - De l’amour, I, 1927, éd. Martineau.djvu/239

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« Toujours un petit doute à calmer voilà ce qui fait la soif de tous les instants de l’amour-passion… Comme la crainte la plus vive ne l’abandonne jamais, ses plaisirs ne peuvent jamais ennuyer. »

Chez les gens bourrus ou mal élevés, ou d’un naturel extrêmement violent ce petit doute à calmer, cette crainte légère se manifestent par une querelle.

Si la personne aimée n’a pas l’extrême susceptibilité, fruit d’une éducation soignée, elle peut trouver plus de vivacité, et par conséquent plus d’agrément, dans un amour de cette espèce ; et même, avec toute la délicatesse possible, si l’on voit le furieux, première victime de ses transports, il est bien difficile de ne pas l’en aimer davantage. Ce que lord Mortimer regrette peut-être le plus dans sa maîtresse, ce sont les chandeliers qu’elle lui jetait à la tête. En effet, si l’orgueil pardonne, et admet de telles sensations, il faut convenir qu’elles font une cruelle guerre à l’ennui, ce grand ennemi des gens heureux.

Saint-Simon, l’unique historien qu’ait eu la France, dit (tome 5, page 43) : « Après maintes passades, la duchesse de Berri s’était éprise, tout de bon, de Riom, cadet de la maison d’Aydie, fils d’une sœur de madame de Biron. Il n’avait ni figure, ni esprit ; c’était un gros garçon,