Page:Stendhal - De l’amour, I, 1927, éd. Martineau.djvu/55

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nous la trouvons dans les lettres de Diderot à mademoiselle Voland, sa maîtresse, ou dans les mémoires de madame d’Épinay, peut faire rechercher lequel de nos gouvernements successifs a tué parmi nous la faculté de s’amuser, et nous a rapprochés du peuple le plus triste de la terre. Nous ne savons pas même copier leur parlement et l’honnêteté de leurs partis, la seule chose passable qu’ils aient inventée. En revanche, la plus stupide de leurs tristes conceptions, l’esprit de dignité, est venu remplacer parmi nous la gaieté française, qui ne se rencontre plus guère que dans les cinq cents bals de la banlieue de Paris, ou dans le midi de la France, passé Bordeaux.

Mais lequel de nos gouvernements successifs nous a valu l’affreux malheur de nous angliser ? Faut-il accuser ce gouvernement énergique de 1793, qui empêcha les étrangers de venir camper sur Montmartre ? ce gouvernement qui, dans peu d’années, nous semblera héroïque, et forme le digne prélude de celui qui, sous Napoléon, alla porter notre nom dans toutes les capitales de l’Europe.

Nous oublierons la bêtise bien intentionnée du Directoire, illustré par les talents de Carnot et par l’immortelle campagne de 1796-1797, en Italie.

La corruption de la cour de Barras