Page:Stendhal - De l’amour, I, 1927, éd. Martineau.djvu/61

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dès qu’il y a exaltation de l’âme, ils sont vifs et leur souvenir entraînant ; et dans cette passion, au contraire de la plupart des autres, le souvenir de ce que l’on a perdu paraît toujours au-dessus de ce qu’on peut attendre de l’avenir.

Quelquefois, dans l’amour de vanité, l’habitude ou le désespoir de trouver mieux produit une espèce d’amitié la moins aimable de toutes les espèces ; elle se vante de sa sûreté, etc.[1].

Le plaisir physique, étant dans la nature, est connu de tout le monde, mais n’a qu’un rang subordonné aux yeux des âmes tendres et passionnées. Ainsi, si elles ont des ridicules dans le salon, si souvent les gens du monde, par leurs intrigues, les rendent malheureuses, en revanche elles connaissent des plaisirs à jamais inaccessibles aux cœurs qui ne palpitent que pour la vanité ou pour l’argent.

Quelques femmes vertueuses et tendres n’ont presque pas d’idée des plaisirs physiques ; elles s’y sont rarement exposées, si l’on peut parler ainsi, et même alors les transports de l’amour-passion ont presque fait oublier les plaisirs du corps.

Il est des hommes victimes et instruments d’un orgueil infernal, d’un orgueil

  1. Dialogue connu de Pont de Veyle avec Mme du Deffant, au coin du feu.