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CHAPITRE VII

Des différences entre la naissance de l’amour
dans les deux sexes.


Les femmes s’attachent par les faveurs. Comme les dix-neuf vingtièmes de leurs rêveries habituelles sont relatives à l’amour, après l’intimité, ces rêveries se groupent autour d’un seul objet ; elles se mettent à justifier une démarche aussi extraordinaire, aussi décisive, aussi contraire à toutes les habitudes de pudeur. Ce travail n’existe pas chez les hommes ensuite l’imagination des femmes détaille à loisir des instants si délicieux.

Comme l’amour fait douter des choses les plus démontrées, cette femme qui, avant l’intimité, était si sûre que son amant est un homme au-dessus du vulgaire, aussitôt qu’elle croit n’avoir plus rien à lui refuser, tremble qu’il n’ait cherché qu’à mettre une femme de plus sur sa liste.

Alors seulement paraît la seconde[1]

  1. Cette seconde cristallisation manque chez les femmes faciles qui sont bien loin de toutes ces idées romanesques.