Page:Stendhal - De l’amour, I, 1927, éd. Martineau.djvu/91

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Les traits qui forment la vraie beauté, lui promettraient s’il les voyait, et si j’ose m’exprimer ainsi, une quantité de bonheur que j’exprimerai par le nombre un, et les traits de sa maîtresse tels qu’ils sont lui promettent mille unités de bonheur.

Avant la naissance de l’amour, la beauté est nécessaire comme enseigne ; elle prédispose à cette passion par les louanges qu’on entend donner à ce qu’on aimera. Une admiration très vive rend la plus petite espérance décisive.

Dans l’amour-goût, et peut-être dans les premières cinq minutes de l’amour-passion, une femme en prenant un amant tient plus de compte de la manière dont les autres femmes voient cet homme, que de la manière dont elle le voit elle-même.

De là les succès des princes et des officiers[1].

  1. Those who remarked in the countenance of this young hero a dissolute audacity mingled with extreme haughtiness and indifference to the feelings of others, could not yet deny to his countenance that sort of comeliness which belongs to an open set of features, well formed by nature, modelled by art to the usual rules of courtesy, yet so far frank and honest, that they seemed as if they disclaimed to conceal the natural working of the soul. Such an expression is often mistaken for manly frankness, when in truth it arises from the reckless indifference of a libertine disposition, conscious of superiority of birth, of wealth, or of some other adventitious advantage totally unconnected with personal merit.
    Ivanhoe, tome I, p. 145.