Page:Stendhal - Histoire de la peinture en Italie, I, 1929, éd. Martineau.djvu/123

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Au milieu de cette nuit profonde, Nicolas Pisano vit la lumière, et il osa la suivre (1230).
Il y avait à Pise, de son temps, et l’on y trouve encore aujourd’hui, quelques sarcophages antiques, l’un desquels, qui est fort beau, a servi de tombe à Béatrix, mère de la célèbre comtesse Mathilde. On y voit une chasse d’Hippolyte, fils de Thésée. Il faut que ce bas-relief ait été traité originairement par quelque grand maître de l’antiquité, car je l’ai retrouvé à Rome sur plusieurs urnes antiques. Nicolas eut l’idée d’imiter ces figures en tous points, et véritablement il se forma un style qui a beaucoup de rapports avec celui des bonnes statues antiques, surtout dans les airs de têtes et dans la manière de rendre les draperies.
Dès l’an 1231, il avait fait à Bologne le tombeau (urna) de saint Dominique, d’après lequel, comme d’un ouvrage étonnant il fut appelé Nicolas dall’ Urna. On reconnait le peuple né pour les arts. Son talent brilla plus encore dans le jugement dernier qu’il fit pour la cathédrale d’Orvietto, et dans les bas-reliefs de la chaire de Saint Jean, à Pise. Ses ouvrages, reçus avec enthousiasme dans toute l’Italie, répandaient les idées nouvelles. Il mourut vers 1275.