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Page:Stendhal - Journal, t3, 1932, éd. Debraye et Royer.djvu/21

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1809 — 12 avril.
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allemagne

matin, nous quittâmes le chemin du nord pour tourner brusquement au sud-est vers Stuttgart. Mais pourquoi n’y être pas allé directement de Strasbourg ?

Faute de trouver quelqu’un avec qui je fusse assez lié pour lui proposer de passer par les vallées par lesquelles je savais que Villars déboucha en 1703. Cette idée aurait été fort raisonnable, l’ord[onnateu]r B. l’avait aussi, et on s’est repenti de ne pas l’avoir suivie.

Le grand-duc de Bade a eu la riche idée d’augmenter le prix de ses postes (le cheval, par poste, coûtait il y a un mois…, nous l’avons payé…*), et de décider que pour aller à Stuttgart on passerait par Carlsruhe, ce qui allonge la route de trois lieues. Le pays que nous traversons, de Carlsruhe à Stuttgart, as* couvert de montagnes peu élevées, mais qui offrent assez Continuellement des points de vue agréables. Elles ressemblent à quelques vues gravées (ohime, non altrimenti *) que j’ai vues de la Suisse.

Malgré le peu de largeur du chemin et le peu de talent des paysans qui nous conduisaient, faute de postillons, la route étant écrasée depuis quelques jours, tout alla bien jusque près de Pforzheim. Mais dans ce lieu fatal, un postillon, l’idiotisme en personne, ne put retenir ses chevaux et nous campa dans un fossé. Une brigade de vingt-quatre sous-employés qui rejoignait l’armée nous en tira