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1809 — 19 avril.
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allemagne

tre, de poste n’a jamais voulu que ses chevaux allassent plus loin. Toute mon éloquence allemande l’a à peine empêché d’en venir*, mais enfin, profitant de la profonde et intime conviction où est tout Allemand qu’il est moins que l’homme dont l’habit est plus brodé que le sien, nous avons fini par convenir que les chevaux mangeraient une heure et nous conduiraient ensuite jusqu’à Neubourg. Pendant ce temps, C., Paris, Bénard* et moi nous avons pris du café ; on le faisait dans la cuisine, au-dessus de laquelle, tous les étages étant percés, la fumée s’élevait jusqu’au toit, à soixante pieds d’élévation. Une jeune fille d’une figure distinguée, mais ritrosa*.

Nous sommes partis à une heure et demie et avons traversé, pour arriver à Neubourg, un paysage grandiose dans le genre de ceux de Claude Lorrain. Nous marchions derrière les coteaux qui ceignent le cours du Danube, les sommets de ces coteaux étaient couronnés de bouquets de bois, à notre gauche ; à la droite, nous avions une forêt presque continue avec des éclaircies ; de temps en temps, entre deux coteaux, nous apercevions le Danube à trois quarts de lieue ; le tout formait un paysage superbe et réellement un des plus beaux qu’on puisse voir et auquel il ne manquait que de hautes montagnes et un lac*.

À une lieue de Neubourg, j’ai rencontré Montbadon, qui m’a dit :