Page:Stendhal - Journal, t3, 1932, éd. Debraye et Royer.djvu/36

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
18
journal de stendhal

Ce fait n’a rien de saillant, rien qui dût le faire admettre dans la conversation, mais il sape ce qu’un de nous a dit l’avant-veille, il peut lui nuire, et il a la constance et l’attention de se souvenir de l’endroit où il faut porter le coup et il n’y manque pas. En un mot, je n’ai pas encore aperçu d’inconséquence dans ce caractère.

Je n’ai pas davantage à dire de Lajard, plante étiolée, aimable de bouton, mais peu signifiante.

On sent bien qu’à la fin de la campagne j’aurai bien des choses à ajouter et à corriger. Mais voilà mon parere* actuel.

Je termine ceci à Landhshut, à cinq heures, le 23 avril, dans le b[ure]au, belle chambre, sur une belle rue, au milieu de tous ceux que je peins, et grelottant. Cette ville m’a beaucoup plu ce matin ; comparée à Ingolstadt, c’est l’Italie et l’Allemagne. J’ai été occupé tout le matin de la nécessité que je parle. Nous avons vu treize cadavres ennemis et des portes criblées de balles et de boulets.


Landshut, le 24 avril 1809.


Nous la gobâmes d’une fîère manière à Neustadt ; nous nous trompâmes de chemin, rencontrâmes M. D[aru], qui nous dit que nous étions des étourdis, et malheureusement il avait raison. Pour nous rendre de Neustadt à Landshut, nous allions passer par Geisenfeld, et il y avait une route directe.