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Page:Stendhal - Journal, t3, 1932, éd. Debraye et Royer.djvu/35

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1809 — 23 avril.
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allemagne

teu]r des Postes à Br. Sa faiblesse est toute grâce, ignorance de tout plutôt que science et pratique des petits moyens, ce qui faisait le caractère de Lejeune. Il a le ton de la bonne compagnie actuelle : faiblesse, fraîcheur et grâce. Il chante fort bien. Il a les yeux d’un homme harassé, à moitié fermés, il est très maigre, taille médiocre, le nez très long. Tout peu animé qu’il est, son cœur est bon. Il est neveu de Chaptal et beau-frère de…* Le Fromentin, qui a senti cela, s’est fait présenter par lui à sa famille, bien sûr qu’elle lui tiendra compte de ce qu’il fera pour lui ; et cette famille, qui avait probablement des craintes en hasardant ce jeune homme au milieu du brouhaha de l’armée, paiera la protection de Fr[omentin]. Il est fait pour réussir partout où il ne se trouvera pas quelqu’un qui le devinera d’abord.

J’ai oublié dans le caractère de Fr[omentin] :

1° qu’il n’a nulle délicatesse intérieure à combattre pour toutes les actions plates, basses, ennuyeuses, qu’il se trouve obligé de faire ;

2° qu’il paraît, par ce que Paris m’a dit de son frère, qui a absolument le même genre : « Il a une gaieté bien régulière, disait bonnement le gascon Paris ; quand j’entrais dans sa chambre, je le trouvais tout rêveur, peu à peu sa gaieté lui revenait et il faisait des plaisanteries sur tout. »

3° je le surprends quelquefois énonçant quelque fait extrêmement peu important à M. D[aru].