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Page:Stendhal - Journal, t3, 1932, éd. Debraye et Royer.djvu/75

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1810 — 20 mars.
57
paris


Leggo con grandissimo piacere il libro di Malthus sopra il Principio délia popolazione*.


20.


Je commence à sentir avec une véritable satisfaction que j’ai contracté les habitudes raisonnables qui assurent le bonheur.

Je sentais cela avec netteté jusque dans les détails il y a une heure. Je me contente de la phrase précédente, parce qu’elle remplit mon but.

Ce matin, parfaitement seul, j’ai été occupé et heureux jusqu’à une heure et demie que j’écris ceci. Ma situation, exempte de toute passion, était cependant telle que la société d’aucun être quelconque aurait pu difficilement ajouter to my happiness*. Je jouissais de mes sentiments et de mes pensées, à l’anglaise. Ces deux sortes de sentiments étaient presque en égale quantité.

Par le même effet d’habitudes raisonnables, je suis à même d’affirmer que j’ai éprouvé hier la plus grande quantité d’ennui pur (dégagé de tout sentiment triste) que j’aie sentie de ma vie. C’était chez les dames de La Bergerie. Crozet, Ouéhihé et Bellisle y étaient. Pas la moindre idée, pas le moindre sentiment ; on parlait comme des condamnés à entretenir la conversation, on amplifiait froidement les plus petites choses. En sortant, j’eus presque une indigestion de bâillements. C’est la seconde fois de