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Page:Stendhal - Journal, t3, 1932, éd. Debraye et Royer.djvu/82

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journal de stendhal

prenant l’air piqué :) Cet homme froid et moqueur ne me convient pas du tout[1].


Ce défaut* a son quartier général en province. Au Marais, il a déjà perdu un peu de sa prompte personnalité, on n’y dit plus avec la même effronterie : « Voilà mon habit d’il y a deux ans, j’espère bien qu’il me fera encore un hiver. »

Ce défaut disparaît de plus en plus à mesure qu’on avance dans la société riche, c’est-à-dire la bonne société. À mesure que les petites circonstances de la province disparaissent, c’est le sentiment qui fournit au tatillonnage.

L’Allemand bonhomme, qui ne voit pas plus loin que ce qu’on dit et qui fournit souvent à la conversation par l’expression de ses sentiments actuels, m’en semble presque tout à fait exempt.

L’Italien, ardent pour la volupté, la cherche de bonne foi ; il est souvent passionné ; l’habitude qu’il contracte dans ces deux états fait qu’il parle avec naturel.

Le tatillonnage est un ennemi secret, mais très réel, du comique. Il faut donc que le comique le tue. Ce serait un superbe sujet de comédie, disions-nous*.

L’homme qui cherche habituellement des vérités morales et qui est sans cesse occupé à faire des raisonnements sur cet objet, prend l’habitude d’un

  1. Mauvais exemple de tatillonnage : les réponses ne s'appliquent pas du tout à la question qui est faite sur les mœurs