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Page:Stendhal - Journal, t3, 1932, éd. Debraye et Royer.djvu/96

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journal de stendhal

Pâques 1810 *.


Jour superbe. J’ai couru comme un Basque. Déjeuner frais et charmant avec une salade au café de Chartres. De là à Saint-Eustache, charivari abominable ; de là chez moi, quarante pages de Smith ; de là au Conservatoire : musique agréable, j’y retournerai ; de là aux Tuileries, bon dîner chez les Frères Provençaux* ; de là à Manlius : Talma me semble chercher son âme, comme Mme du Defîant le dit au chevalier d’Aydie. Il est naturel, à quelques tours de gorge près. La petite Maillard, d’un mince ridicule. De là, j’attends une demi-heure mon cabriolet sans trop m’impatienter, en me promenant dans le jardin du Palais-Royal et réfléchissant à la conduite que je dois tenir pour en finir avec Mme Robert. De là, chez Mmes Shepherd, moins tristes qu’à l’ordinaire et même gaies et, qui plus et bien plus est, naturelles. J’y suis aimable et me retire à onze heures et demie. Je crois que MM. Grant et Roissy ont bonne opinion de mon esprit ; ce sont les grands juges. Je lis une scène d’Othello avant de m’endormir.


21.


J’oubliais que la veille de Pâques j’ai mangé d’excellent jambon chez Mme Doligny et que j’ai été très aimable, au point de n’y pas retourner parce