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pour faire trois volumes de l’ouvrage. Il regrettait tout ce que son éditeur Dupont lui avait fait sabrer en mars 1839, et il reconnaissait qu’il n’avait pas tiré assez parti de l’amour de Fabrice et de Clelia pour amener des scènes doucement attendrissantes. Toute la fin, il le voyait bien, est vraiment trop elliptique, et il notait son intention d’allonger et d’éclairer les sentiments artificiellement ramassés tout en allégeant le style d’une précision sèchement mathématique.

C’est dans ces dispositions qu’il prend connaissance de l’article de Balzac affirmant qu’à la Chartreuse, œuvre admirable, il ne manque que ce caractère de perfection que pouvaient seules lui donner la refonte du plan et la correction du style. Il est à remarquer que si Balzac écrit de Beyle que chez lui « la pensée soutient la phrase », et plus loin que l’auteur « toujours se sauve par le sentiment profond qui anime la pensée », ses principaux reproches n’en visent pas moins le style qu’il trouve négligé, incorrect.

Il y aurait lieu ici de s’expliquer après tant d’autres sur le style de Stendhal. Il est souvent négligé, soit. L’auteur ne nous a-t-il pas avertis que bien des pages avaient été imprimées directement sur la première dictée ? Mais d’ordinaire Stendhal atteint d’un jet au style que lui-même aimait, car