Aller au contenu

Page:Stendhal - La Chartreuse de Parme, I, 1927, éd. Martineau.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

il ne distrait jamais le lecteur de l’attention qu’il faut accorder au fond des choses. Aurait-il pu du reste trouver une autre façon d’écrire convenant davantage à ses analyses d’une transparence de cristal et à ses déductions qui se succèdent et se superposent comme les vagues de la mer. Ainsi Stendhal commence fréquemment trois ou quatre phrases de suite par le même tour et les mêmes mots, paraissant toujours partir d’un point immuable, mais recouvrant sans cesse le flot précédent et le portant toujours plus avant. Ce style néanmoins peut paraître un peu sec, mais ce n’est pas seulement du mouvement le plus naturel qu’il porte la pensée, il s’applique sur elle comme un vernis translucide qui semble n’avoir d’autre rôle que d’aviver la couleur primitive. Il n’a pas vieilli, il est toujours actuel.

Stendhal, avec une docilité bien curieuse, se remet néanmoins au travail et pense sacrifier les premiers chapitres de son roman pour obéir aux critiques de Balzac. Il esquisse même un début nouveau. Heureusement, il se reprend bientôt et conserve à sa place ce tableau de Milan qui lui tenait tant à cœur pour y avoir parlé des temps heureux de sa jeunesse. Pour le surplus il essaye durant plusieurs jours de donner à sa phrase plus de noblesse. Mais ce souci de brillanter le style