Page:Stendhal - La Chartreuse de Parme, I, 1927, éd. Martineau.djvu/338

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ses yeux toute l’importance de présages véritables.

— Eh bien ! qu’as-tu donc ? lui dit la duchesse étonnée ; le comte t’a plongé dans les noires images.

— Je suis illuminé par une vérité nouvelle, et, au lieu de me révolter contre elle, mon esprit l’adopte. Il est vrai, j’ai passé bien près d’une prison sans fin ! Mais ce valet de chambre était si joli dans son habit à l’anglaise ! quel dommage de le tuer !

Le ministre fut enchanté de son petit air sage.

— Il est fort bien de toutes façons, dit-il en regardant la duchesse. Je vous dirai, mon ami, que vous avez fait une conquête, et la plus désirable de toutes, peut-être.

— Ah ! pensa Fabrice, voici une plaisanterie sur la petite Marietta. Il se trompait ; le comte ajouta :

— Votre simplicité évangélique a gagné le cœur de notre vénérable archevêque, le père Landriani. Un de ces jours nous allons faire de vous un grand-vicaire, et, ce qui fait le charme de cette plaisanterie, c’est que les trois grands-vicaires actuels, gens de mérite, travailleurs, et dont deux, je pense, étaient grands-vicaires avant votre naissance demanderont, par une