Page:Stendhal - La Chartreuse de Parme, I, 1927, éd. Martineau.djvu/339

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

belle lettre adressée à leur archevêque, que vous soyez le premier en rang parmi eux. Ces messieurs se fondent sur vos vertus d’abord, et ensuite sur ce que vous êtes petit-neveu du célèbre archevêque Ascagne del Dongo. Quand j’ai appris le respect qu’on avait pour vos vertus, j’ai sur-le-champ nommé capitaine le neveu du plus ancien des vicaires-généraux ; il était lieutenant depuis le siège de Tarragone par le maréchal Suchet.

— Va-t’en tout de suite en négligé, comme tu es, faire une visite de tendresse à ton archevêque, s’écria la duchesse. Raconte-lui le mariage de ta sœur ; quand il saura qu’elle va être duchesse, il te trouvera bien plus apostolique. Du reste, tu ignores tout ce que le comte vient de te confier sur ta future nomination.

Fabrice courut au palais archépiscopal ; il y fut simple et modeste, c’était un ton qu’il prenait avec trop de facilité ; au contraire, il avait besoin d’efforts pour jouer le grand seigneur. Tout en écoutant les récits un peu longs de monseigneur Landriani, il se disait : Aurais-je dû tirer un coup de pistolet au valet de chambre qui tenait par la bride le cheval maigre ? Sa raison lui disait oui, mais son cœur ne pouvait s’accoutumer à l’image sanglante