Page:Stendhal - La Chartreuse de Parme, I, 1927, éd. Martineau.djvu/426

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peut-être, grâce à moi, elle n’a pu voir. Tout à coup, le bonheur le plus vif sembla redoubler dans les yeux de la Fausta ; mon rival est présent, se dit M***, et sa fureur de vanité n’eut plus de bornes. Quelle figure est-ce que je fais ici, servant de pendant à un jeune prince qui se déguise ? Mais quelques efforts qu’il pût faire, jamais il ne parvint à découvrir ce rival que ses regards affamés cherchaient de toutes parts.

À chaque instant la Fausta, après avoir promené les yeux dans toutes les parties de l’église, finissait par arrêter des regards, chargés d’amour et de bonheur, sur le coin obscur où M*** s’était caché. Dans un cœur passionné, l’amour est sujet à exagérer les nuances les plus légères, il en tire les conséquences les plus ridicules, le pauvre M*** ne finit-il pas par se persuader que la Fausta l’avait vu, que malgré ses efforts s’étant aperçue de sa mortelle jalousie, elle voulait la lui reprocher et en même temps l’en consoler par ces regards si tendres.

Le tombeau du cardinal, derrière lequel M*** s’était placé en observation, était élevé de quatre ou cinq pieds sur le pavé de marbre de Saint-Jean. La messe à la mode finie vers les une heure, la plupart des fidèles s’en allèrent, et la Fausta