Page:Stendhal - La Chartreuse de Parme, I, 1927, éd. Martineau.djvu/427

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congédia les beaux de la ville, sous un prétexte de dévotion ; restée agenouillée sur sa chaise, ses yeux, devenus plus tendres et plus brillants, étaient fixés sur M*** ; depuis qu’il n’y avait plus que peu de personnes dans l’église, ses regards ne se donnaient plus la peine de la parcourir tout entière, avant de s’arrêter avec bonheur sur la statue du cardinal. Que de délicatesse, se disait le comte M*** se croyant regardé ! Enfin la Fausta se leva et sortit brusquement, après avoir fait, avec les mains, quelques mouvements singuliers.

M***, ivre d’amour et presque tout à fait désabusé de sa folle jalousie, quittait sa place pour voler au palais de sa maîtresse et la remercier mille et mille fois, lorsqu’en passant devant le tombeau du cardinal il aperçut un jeune homme tout en noir ; cet être funeste s’était tenu jusque-là agenouillé tout contre l’épitaphe du tombeau, et de façon à ce que les regards de l’amant jaloux qui le cherchaient pussent passer par-dessus sa tête et ne point le voir.

Ce jeune homme se leva, marcha vite et fut à l’instant même environné par sept à huit personnages assez gauches, d’un aspect singulier et qui semblaient lui appartenir. M*** se précipita sur ses pas, mais, sans qu’il y eût rien de trop marqué,