Page:Stendhal - La Chartreuse de Parme, II, 1927, éd. Martineau.djvu/117

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duchesse ? Seulement je ne veux pas qu’on puisse m’accuser de vilenie, ni surtout de jalousie : c’est moi qui ai fait venir la duchesse en ce pays, et si Fabrice meurt en prison, vous ne serez pas baron, mais vous serez peut-être poignardé. Mais laissons cette bagatelle : le fait est que j’ai fait le compte de ma fortune ; à peine si j’ai trouvé 20,000 livres de rente, sur quoi j’ai le projet d’adresser très-humblement ma démission au souverain. J’ai quelque espoir d’être employé par le roi de Naples ; cette grande ville m’offrira des distractions dont j’ai besoin en ce moment, et que je ne puis trouver dans un trou tel que Parme ; je ne resterais qu’autant que vous me feriez obtenir la main de la princesse Isota, etc., etc. la conversation fut infinie dans ce sens. Comme Rassi se levait, le comte lui dit d’un air fort indifférent :

— Vous savez qu’on a dit que Fabrice me trompait, en ce sens qu’il était un des amants de la duchesse ; je n’accepte point ce bruit, et pour le démentir, je veux que vous fassiez passer cette bourse à Fabrice.

— Mais, monsieur le comte, dit Rassi effrayé, et regardant la bourse, il y a là une somme énorme, et les règlements…

— Pour vous, mon cher, elle peut être énorme, reprit le comte de l’air du plus souverain mépris : un bourgeois tel que