Page:Stendhal - La Chartreuse de Parme, II, 1927, éd. Martineau.djvu/243

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d’olivier, voici tous les diamants qui me restent ; ils valent cinquante mille francs.

— Ah, madame ! vous m’humiliez !… dit Ferrante avec un mouvement d’horreur ; et sa figure changea du tout au tout.

— Je ne vous reverrai jamais avant l’action : prenez, je le veux, ajouta la duchesse avec un air de hauteur qui atterra Ferrante ; il mit l’étui dans sa poche et sortit.

La porte avait été refermée par lui. La duchesse le rappela de nouveau ; il rentra d’un air inquiet : la duchesse était debout au milieu du salon ; elle se jeta dans ses bras. Au bout d’un instant, Ferrante s’évanouit presque de bonheur ; la duchesse se dégagea de ses embrassements, et des yeux lui montra la porte.

— Voilà le seul homme qui m’ait comprise, se dit-elle ; c’est ainsi qu’en eût agi Fabrice, s’il eût pu m’entendre.

Il y avait deux choses dans le caractère de la duchesse, elle voulait toujours ce qu’elle avait voulu une fois ; elle ne remettait jamais en délibération ce qui avait été une fois décidé. Elle citait à ce propos un mot de son premier mari, l’aimable général Pietranera : quelle insolence envers moi-même ! disait-il ; pourquoi croirai-je avoir plus d’esprit aujourd’hui que lorsque je pris ce parti ?