Page:Stendhal - La Chartreuse de Parme, II, 1927, éd. Martineau.djvu/27

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se mirent à crier : Vive madame la duchesse ! et applaudirent avec fureur. La duchesse, qui était déjà dans la pièce voisine, reparut comme une actrice applaudie, fit une petite révérence pleine de grâce à ses gens et leur dit : Mes amis, je vous remercie. Si elle eût dit un mot, tous, en ce moment, eussent marché contre le palais pour l’attaquer. Elle fit un signe à un postillon, ancien contrebandier et homme dévoué, qui la suivit.

— Tu vas t’habiller en paysan aisé, tu sortiras de Parme comme tu pourras, tu loueras une sediola et tu iras aussi vite que possible à Bologne. Tu entreras à Bologne en promeneur et par la porte de Florence, et tu remettras à Fabrice, qui est au Pelegrino, un paquet que Chekina va te donner. Fabrice se cache et s’appelle là-bas M. Joseph Bossi ; ne va pas le trahir par étourderie, n’aie pas l’air de le connaître ; mes ennemis mettront peut-être des espions à tes trousses. Fabrice te renverra ici au bout de quelques heures ou de quelques jours : c’est surtout en revenant qu’il faut redoubler de précautions pour ne pas le trahir.

— Ah ! les gens de la marquise Raversi ! s’écria le postillon ; nous les attendons, et si madame voulait ils seraient bientôt exterminés.