Page:Stendhal - La Chartreuse de Parme, II, 1927, éd. Martineau.djvu/282

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de la tour Farnèse et du palais du gouverneur.

— Il ne te manque plus, lui dit-elle d’un air piqué, que de faire de souvenir le portrait de cet aimable gouverneur qui voulait seulement t’empoisonner. Mais j’y songe, continua la duchesse, tu devrais lui écrire une lettre d’excuses d’avoir pris la liberté de te sauver et de donner un ridicule à sa citadelle.

La pauvre femme ne croyait pas dire si vrai : à peine arrivé en lieu de sûreté, le premier soin de Fabrice avait été d’écrire au général Fabio Conti une lettre parfaitement polie et dans un certain sens bien ridicule ; il lui demandait pardon de s’être sauvé, alléguant pour excuse qu’il avait pu croire que certain subalterne de la prison avait été chargé de lui administrer du poison. Peu lui importait ce qu’il écrivait, Fabrice espérait que les yeux de Clélia verraient cette lettre, et sa figure était couverte de larmes en l’écrivant. Il la termina par une phrase bien plaisante : il osait dire que, se trouvant en liberté, souvent il lui arrivait de regretter sa petite chambre de la tour Farnèse. C’était là la pensée capitale de sa lettre, il espérait que Clélia la comprendrait. Dans son humeur écrivante, et toujours dans l’espoir d’être lu par quelqu’un, Fabrice adressa