Page:Stendhal - La Chartreuse de Parme, II, 1927, éd. Martineau.djvu/311

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« Voilà ce pauvre diable de Rassi pâle comme la mort, et sans perruque ! tu n’as pas d’idée de cette figure ! Le peuple veut absolument le pendre ; ce serait un grand tort qu’on lui ferait, il mérite d’être écartelé. Il se réfugiait à mon palais, et m’a couru après dans la rue ; je ne sais trop qu’en faire… je ne veux pas le conduire au palais du prince, ce serait faire éclater la révolte de ce côté. F… verra si je l’aime ; mon premier mot à Rassi a été : Il me faut la sentence contre M. del Dongo, et toutes les copies que vous pouvez en avoir, et dites à tous ces juges iniques, qui sont cause de cette révolte, que je les ferai tous pendre, ainsi que vous, mon cher ami, s’ils soufflent un mot de cette sentence, qui n’a jamais existé. Au nom de Fabrice, j’envoie une compagnie de grenadiers à l’archevêque. Adieu, cher ange ! mon palais va être brûlé, et je perdrai les charmants portraits que j’ai de toi. Je cours au palais pour faire destituer cet infâme général P…, qui fait des siennes ; il flatte bassement le peuple, comme autrefois il flattait le feu prince. Tous ces généraux ont une peur du diable ; je vais, je crois, me faire nommer général en chef. »