Page:Stendhal - La Chartreuse de Parme, II, 1927, éd. Martineau.djvu/314

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pas d’avoir rappelé toutes les dames exilées. On me dit que je ne dois plus signer, dorénavant, qu’après avoir écrit les mots : votre affectionné : je suis fâché que l’on me fasse prodiguer une assurance qui n’est complètement vraie que quand je vous écris

« Votre affectionné,
« ranuce-ernest. »


Qui n’eût dit, d’après ce langage, que la duchesse allait jouir de la plus haute faveur ? Toutefois elle trouva quelque chose de fort singulier dans d’autres lettres du comte, qu’elle reçut deux heures plus tard. Il ne s’expliquait point autrement, mais lui conseillait de retarder de quelques jours son retour à Parme, et d’écrire à la princesse qu’elle était fort indisposée. La duchesse et Fabrice n’en partirent pas moins pour Parme aussitôt après dîner. Le but de la duchesse, que toutefois elle ne s’avouait pas, était de presser le mariage du marquis Crescenzi ; Fabrice, de son côté, fit la route dans des transports de bonheur fous, et qui semblèrent ridicules à sa tante. Il avait l’espoir de revoir bientôt Clélia ; il comptait bien l’enlever, même malgré elle, s’il n’y avait que ce moyen de rompre son mariage.