Page:Stendhal - La Chartreuse de Parme, II, 1927, éd. Martineau.djvu/324

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magot qui est sur sa cheminée, elle me permettra aussi d’appeler les choses par leur vrai nom.

— N’est-ce que ça, ma chère duchesse ? s’écria Clara Paolina en se levant, et courant elle-même mettre le magot en bonne position ; parlez donc en toute liberté, madame la grande maîtresse, dit-elle avec un ton de voix charmant.

— Madame, reprit celle-ci, Votre Altesse a parfaitement vu la position ; nous courons, vous et moi, les plus grands dangers ; la sentence contre Fabrice n’est point révoquée ; par conséquent, le jour où l’on voudra se défaire de moi et vous outrager, on le remet en prison. Notre position est aussi mauvaise que jamais. Quant à moi personnellement, j’épouse le comte, et nous allons nous établir à Naples ou à Paris. Le dernier trait d’ingratitude dont le comte est victime en ce moment, l’a entièrement dégoûté des affaires, et, sauf l’intérêt de Votre Altesse Sérénissime, je ne lui conseillerais de rester dans ce gâchis qu’autant que le prince lui donnerait une somme énorme. Je demanderai à Votre Altesse la permission de lui expliquer que le comte, qui avait 130.000 francs en arrivant aux affaires, possède à peine aujourd’hui 20.000 livres de rente. C’était en vain que depuis longtemps je le