Page:Stendhal - La Chartreuse de Parme, II, 1927, éd. Martineau.djvu/452

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Après avoir salué respectueusement la marquise, Gonzo ne s’éloigna point comme de coutume pour aller prendre place sur le fauteuil qu’on venait de lui avancer. Il se plaça au milieu du cercle, et s’écria brutalement : — J’ai vu le portrait de monseigneur del Dongo. Clélia fut tellement surprise qu’elle fut obligée de s’appuyer sur le bras de son fauteuil ; elle essaya de faire tête à l’orage, mais bientôt fut obligée de déserter le salon.

— Il faut convenir, mon pauvre Gonzo, que vous êtes d’une maladresse rare, s’écria avec hauteur l’un des officiers qui finissait sa quatrième glace. Comment ne savez-vous pas que le coadjuteur, qui a été l’un des plus braves colonels de l’armée de Napoléon, a joué jadis un tour pendable au père de la marquise, en sortant de la citadelle où le général Conti commandait, comme il fût sorti de la Steccala (la principale église de Parme) ?

— J’ignore en effet bien des choses, mon cher capitaine, et je suis un pauvre imbécile qui fais des bévues toute la journée.

Cette réplique, tout à fait dans le goût italien, fit rire aux dépens du brillant officier. La marquise rentra bientôt ; elle s’était armée de courage, et n’était pas sans quelque vague espérance de pouvoir