passait, regarde toujours de temps en temps où en est la petite voiture.
— Vous allez vous battre ? dit Fabrice à Aubry.
— Non, je vais mettre mes escarpins pour aller à la danse !
— Je vous suis.
— Je te recommande le petit hussard, cria la cantinière ; le jeune bourgeois a du cœur. Le caporal Aubry marchait sans dire mot. Huit ou dix soldats le rejoignirent en courant ; il les conduisit derrière un gros chêne entouré de ronces. Arrivé là, il les plaça au bord du bois, toujours sans mot dire, sur une ligne fort étendue ; chacun était au moins à dix pas de son voisin.
— Ah çà ! vous autres, dit le caporal, et c’était la première fois qu’il parlait, n’allez pas faire feu avant l’ordre, songez que vous n’avez plus que trois cartouches.
— Mais que se passe-t-il donc ? se demandait Fabrice. Enfin, quand il se trouva seul avec le caporal, il lui dit :
— Je n’ai pas de fusil.
— Tais-toi d’abord ! Avance-toi là, à cinquante pas en avant du bois, tu trouveras quelqu’un des pauvres soldats du régiment qui viennent d’être sabrés ; tu lui prendras sa giberne et son fusil. Ne va pas dépouiller un blessé, au moins ; prends le fusil et la giberne d’un qui soit bien mort, et dépêche-toi, pour ne pas recevoir les coups de