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mourir, et plût à Dieu qu’il en fût ainsi, et bientôt ! si je trouvais un homme digne de ce nom à qui recommander mon pauvre Fabrice.

Une idée saisit la duchesse : elle prit un morceau de papier et reconnut, par un écrit auquel elle mêla le peu de mots de droit qu’elle savait, qu’elle avait reçu du sieur Ferrante Palla la somme de 25,000 francs, sous l’expresse condition de payer chaque année une rente viagère de 1500 francs à la dame Sarazine et à ses cinq enfants. La duchesse ajouta : De plus je lègue une rente viagère de 500 francs à chacun de ces cinq enfants, sous la condition que Ferrante Palla donnera des soins comme médecin à mon neveu Fabrice del Dongo, et sera pour lui un frère. Je l’en prie. Elle signa, antidata d’un an et serra ce papier.

Deux jours après Ferrante reparut. C’était au moment où toute la ville était agitée par le bruit de la prochaine exécution de Fabrice. Cette triste cérémonie aurait-elle lieu dans la citadelle ou sous les arbres de la promenade publique ? Plusieurs hommes du peuple allèrent se promener ce soir-là devant la porte de la citadelle, pour tâcher de voir si l’on dressait l’échafaud : ce spectacle avait ému Ferrante. Il trouva la duchesse noyée dans les larmes, et hors d’état de parler ; elle le salua de la main et lui montra un siége. Ferrante, déguisé ce jour-là en capucin, était superbe ; au lieu