rante avec un mouvement d’horreur ; et sa figure changea du tout au tout.
— Je ne vous reverrai jamais avant l’action : prenez, je le veux, ajouta la duchesse avec un air de hauteur qui atterra Ferrante ; il mit l’étui dans sa poche et sortit.
La porte avait été refermée par lui. La duchesse le rappela de nouveau ; il rentra d’un air inquiet : la duchesse était debout au milieu du salon ; elle se jeta dans ses bras. Au bout d’un instant, Ferrante s’évanouit presque de bonheur ; la duchesse se dégagea de ses embrassements, et des yeux lui montra la porte.
— Voilà le seul homme qui m’ait comprise, se dit-elle ; c’est ainsi qu’en eût agi Fabrice, s’il eût pu m’entendre.
Il y avait deux choses dans le caractère de la duchesse : elle voulait toujours ce qu’elle avait voulu une fois ; elle ne remettait jamais en délibération ce qui avait été une fois décidé. Elle citait à ce propos un mot de son premier mari, l’aimable général Pietranera : Quelle insolence envers moi-même ! disait-il ; pourquoi croirais-je avoir plus d’esprit aujourd’hui que lorsque je pris ce parti ?
De ce moment, une sorte de gaieté reparut dans le caractère de la duchesse. Avant la fatale résolution, à chaque pas que faisait son esprit, à chaque chose nouvelle qu’elle voyait, elle avait le senti-