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de la garde ; je vais me battre et mériter de mon mieux ce surnom de Cruel dont les libéraux m’ont gratifié depuis si longtemps. Cette vieille momie de général P. a osé parler dans la caserne d’entrer en pourparlers avec le peuple à demi révolté. Je t’écris du milieu de la rue ; je vais au palais, où l’on ne pénétrera que sur mon cadavre. Adieu ! Si je meurs, ce sera en t’adorant quand même, ainsi que j’ai vécu ! N’oublie pas de faire prendre 300,000 francs déposés en ton nom chez D…, à Lyon.

« Voilà ce pauvre diable de Rassi pâle comme la mort, et sans perruque ; tu n’as pas d’idée de cette figure ! Le peuple veut absolument le pendre ; ce serait un grand tort qu’on lui ferait, il mérite d’être écartelé. Il se réfugiait à mon palais, et m’a couru après dans la rue ; je ne sais trop qu’en faire… je ne veux pas le conduire au palais du prince, ce serait faire éclater la révolte de ce côté. F. verra si je l’aime ; mon premier mot à Rassi a été : Il me faut la sentence contre M. del Dongo et toutes les copies que vous pouvez en avoir, et dites à tous ces juges iniques, qui sont cause de cette révolte, que je les ferai tous pendre, ainsi que vous, mon cher ami, s’ils soufflent un mot de cette sentence, qui n’a jamais existé. Au nom de Fabrice, j’envoie une compagnie de grenadiers à l’archevêque. Adieu, cher ange ! mon palais va