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concert avec lui, ce dont Rassi fera une superbe conspiration. Ce qu’il y a de sûr, c’est que, porteur d’un habit d’un délabrement incroyable, il distribuait l’or à pleines mains.

La duchesse, émerveillée de toutes ces nouvelles, se hâta d’aller remercier la princesse.

Au moment de son entrée dans la chambre, la dame d’atour lui remit une petite clef d’or que l’on porte à la ceinture, et qui est la marque de l’autorité suprême dans la partie du palais qui dépend de la princesse. Clara Paolina se hâta de faire sortir tout le monde, et, une fois seule avec son amie, persista pendant quelques instants à ne s’expliquer qu’à demi. La duchesse ne comprenait pas trop ce que tout cela voulait dire, et ne répondait qu’avec beaucoup de réserve. Enfin, la princesse fondit en larmes et, se jetant dans les bras de la duchesse, s’écria : Les temps de mon malheur vont recommencer : mon fils me traitera plus mal que ne l’a fait son père !

— C’est ce que j’empêcherai, répliqua vivement la duchesse. Mais d’abord j’ai besoin, continua-t-elle, que votre altesse sérénissime daigne accepter ici l’hommage de toute ma reconnaissance et de mon profond respect.

— Que voulez-vous dire ? s’écria la princesse remplie d’inquiétude, et craignant une démission.

— C’est que toutes les fois que votre altesse sé-