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— Je le jure ! s’écria-t-elle avec des yeux égarés !

Aussitôt le prince devint un autre homme ; il courut à l’extrémité de la galerie où se trouvait le salon des aides de camp.

— Général Fontana, courez à la citadelle ventre à terre, montez aussi vite que possible à la chambre où l’on garde M. del Dongo, et amenez-le-moi ; il faut que je lui parle dans vingt minutes, et dans quinze s’il est possible.

— Ah ! général, s’écria la duchesse qui avait suivi le prince, une minute peut décider de ma vie. Un rapport faux sans doute me fait craindre le poison pour Fabrice : criez-lui, dès que vous serez à portée de la voix, de ne pas manger. S’il a touché à son repas, faites-le vomir, dites-lui que c’est moi qui le veux, employez la force s’il le faut ; dites-lui que je vous suis de bien près, et croyez-moi votre obligée pour la vie.

— Madame la duchesse, mon cheval est sellé, je passe pour savoir manier un cheval, et je cours ventre à terre, je serai à la citadelle huit minutes avant vous.

— Et moi, madame la duchesse, s’écria le prince, je vous demande quatre de ces huit minutes.

L’aide de camp avait disparu ; c’était un homme qui n’avait pas d’autre mérite que celui de monter à cheval. À peine eut-il refermé la porte, que le