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place de gouverneur de la citadelle. Mais vous savez que j’ai de l’amitié pour le marquis, et je ne conserverai point de rancune contre son beau-père.

Armé de ces paroles, don Cesare vint dire à sa nièce qu’elle tenait en ses mains la vie de son père, malade de désespoir. Depuis plusieurs mois il n’avait paru à aucune cour.

Clélia voulut aller voir son père, réfugié, sous un nom supposé, dans un village près de Turin ; car il s’était figuré que la cour de Parme demandait son extradition à celle de Turin, pour le mettre en jugement. Elle le trouva malade et presque fou. Le soir même elle écrivit à Fabrice une lettre d’éternelle rupture. En recevant cette lettre, Fabrice, qui développait un caractère tout à fait semblable à celui de sa maîtresse, alla se mettre en retraite au couvent de Velleja, situé dans les montagnes, à dix lieues de Parme, Clélia lui écrivait une lettre de dix pages : elle lui avait juré jadis de ne jamais épouser le marquis sans son consentement ; maintenant elle le lui demandait, et Fabrice le lui accorda du fond de sa retraite de Velleja, par une lettre remplie de l’amitié la plus pure.

En recevant cette lettre dont, il faut l’avouer, l’amitié l’irrita, Clélia fixa elle-même le jour de son mariage, dont les fêtes vinrent encore augmenter l’éclat dont brilla cet hiver la cour de Parme.