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Page:Stendhal - La chartreuse de Parme (Tome 2), 1883.djvu/393

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vous voudrez bien vous abaisser à comprendre toutes leurs petites idées. Tu l’as voulu, George Dandin ! »

Huit jours après, le mariage se célébrait à Pérouse, dans une église où les ancêtres du comte ont leurs tombeaux. Le prince était au désespoir. La duchesse avait reçu de lui trois ou quatre courriers, et n’avait pas manqué de lui renvoyer sous enveloppe ses lettres non décachetées. Ernest V avait fait un traitement magnifique au comte, et donné le grand cordon de son ordre à Fabrice.

— C’est là surtout ce qui m’a plu de ses adieux. Nous nous sommes séparés, disait le comte à la nouvelle comtesse Mosca della Rovere, les meilleurs amis du monde ; il m’a donné un grand cordon espagnol, et des diamants qui valent bien le grand cordon. Il m’a dit qu’il me ferait duc, s’il ne voulait se réserver ce moyen pour vous rappeler dans ses États. Je suis donc chargé de vous déclarer, belle mission pour un mari, que si vous daignez revenir à Parme, ne fût-ce que pour un mois, je serai fait duc, sous le nom que vous choisirez, et vous aurez une belle terre.

C’est ce que la duchesse refusa avec une sorte d’horreur.

Après la scène qui s’était passée au bal de la cour, et qui semblait assez décisive, Clélia parut ne plus se souvenir de l’amour qu’elle avait semblé partager un instant ; les remords les plus