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Page:Stendhal - La chartreuse de Parme (Tome 2), 1883.djvu/394

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violents s’étaient emparés de cette âme vertueuse et croyante. C’est ce que Fabrice comprenait fort bien, et malgré toutes les espérances qu’il cherchait à se donner, un sombre malheur ne s’en était pas moins emparé de son âme. Cette fois cependant le malheur ne le conduisit point dans la retraite, comme à l’époque du mariage de Clélia.

Le comte avait prié son neveu de lui mander avec exactitude ce qui se passait à la cour, et Fabrice, qui commençait à comprendre tout ce qu’il lui devait, s’était promis de remplir cette mission en honnête homme.

Ainsi que la ville et la cour, Fabrice ne doutait pas que son ami n’eût le projet de revenir au ministère, et avec plus de pouvoir qu’il n’en avait jamais eu. Les prévisions du comte ne tardèrent pas à se vérifier : moins de six semaines après son départ, Rassi était premier ministre ; Fabio Conti, ministre de la guerre, et les prisons, que le comte avait presque vidées, se remplissaient de nouveau. Le prince, en appelant ces gens-là au pouvoir, crut se venger de la duchesse ; il était fou d’amour et haïssait surtout le comte Mosca comme un rival.

Fabrice avait bien des affaires ; monseigneur Landriani, âgé de soixante-douze ans, étant tombé dans un grand état de langueur et ne sortant presque plus de son palais, c’était au coadjuteur à s’acquitter de presque toutes ses fonctions.