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Page:Stendhal - La chartreuse de Parme (Tome 2), 1883.djvu/41

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Le brigadier qui les commandait pensa que le jeune del Dongo ne pouvait pas tenter une fuite bien sérieuse, puisqu’enfin il se trouvait dans l’intérieur de la citadelle ; toutefois il s’approcha de la fenêtre pour empêcher le désordre, et par un instinct de gendarme. Vis-à-vis de cette fenêtre ouverte, et à deux pas, se trouvait arrêtée la voiture du général : Clélia s’était blottie dans le fond, afin de ne pas être témoin de la triste scène qui se passait au bureau ; lorsqu’elle entendit tout ce bruit, elle regarda.

— Que se passe-t-il ? dit-elle au brigadier.

— Mademoiselle, c’est le jeune Fabrice del Dongo qui vient d’appliquer un fier soufflet à cet insolent de Barbone !

— Quoi ! c’est M. del Dongo qu’on amène en prison ?

— Eh ! sans doute, dit le brigadier ; c’est à cause de la haute naissance de ce pauvre jeune homme que l’on fait tant de cérémonies ; je croyais que mademoiselle était au fait. Clélia ne quitta plus la portière ; quand les gendarmes qui entouraient la table s’écartaient un peu, elle apercevait le prisonnier. Qui m’eût dit, pensait-elle, que je le reverrais pour la première fois dans cette triste situation, quand je le rencontrai sur la route du lac de Côme ?… Il me donna la main pour monter dans le carrosse de sa mère… Il se trouvait déjà avec la duchesse ! Leurs